Léo le chat - Yves Durlin
La moiteur de l'heure
La moiteur de l'heure
Brûle le front de la vie
Lointaine l'inflexible envie
Se couche près de toi sans heurt
Fantôme sans trêve
Ton passage comme grève
Où la vague ondulante
S'endort en rêverie envoûtante
20/10/2004
Ydile - Yves DURLIN
Chapitre : La pluie est la sueur du temps
Ce jour il pleut. Le temps gris enveloppe les nuages silencieux qui semblent comprimés dans l'espace. Le trike imperturbable surfe sur la route luisante. Les vitrines aguicheuses des magasins alignés se reflètent dans la maigreur des caniveaux muets. Les bordures hautaines des trottoirs butés défient ces étranges marées sombres et filiformes. Le rythme sonore du moteur me donne confiance dans le fourmillement de la circulation incessante. Les voitures aveugles jouent le rôle des chenilles processionnaires, les unes derrière les autres. Anonymat parfait nourrissant l'individualisme éphémère des automobilistes fantômes. Dans mon dos, la housse multicolore de la guitare classique caresse mon casque. Elle enveloppe, habille l'instrument qui fait office de passagère à la forme de mannequin. Sa présence silencieuse me fait du bien. Elle et moi, couple à vie. Au loin citadin se profile La Maison. C'est là que je me rends.
Ni lieu Ni mètre - Yves DURLIN
Âme, amour
La lampe sait que tu es là.
Même sans elle
Moi
Dans mon cœur
M'aimes sans elle
Je sais que tu es là.
Je te vois
Ce soir un enfant du crépuscule
Attend l'aube.
Plus un seul moment n'aura le temps
Dans mon appel
D'être sans sens.
Âme, amour.
Nuit bleue veine - Yves Durlin
Nuit bleue veine
Les gouttières, veines bleues métalliques,
Giclent sur le pavé hémorragique, repu,
La sueur des nuages incestueux hors temps.
Le crépuscule noie son déchirement céleste
Dans les lambeaux sombres d’une nuit accouchante.
Maltard arrivera l’œil blafard vidé de son humeur vitreuse
Par un nuage ciselant un futur horizon.
La rue, exsangue de toute présence humaine,
Guette immobile et froide l’ombre des âmes,
Fantômes de mémoires diurnes qui semblent se léviter
De quelques centimètres de hasard au-dessus
Du clavier granitique des trottoirs.
Un poteau, potence électrique,
Écartèle ses maigres hauts bras.
Là-haut les fils, au courant des rumeurs,
Coupent net le souffle du vent.
Fils hurlants dans la nuit muette.
La rue se casse le dos et plonge, courbée,
Vers un abysse encroûté d’asphalte.
...
Silex
Sois le silex qui taille le temps
Sois le temps de la création qui accouche de l’espace
Sois l’espace de tes actes-sculptures qui embrassent l’amour
Sois l’amour silex dans la main de la vie qui taille tes racines
Sois tes racines qui nourrissent l’inutile si utile
Sois l’histoire de la vie pour qu’elle continue d’exister.
17/11/2019