Au fil des femmes - Nouvelles de Maddy M. NISHIJIMA
Lui.Elle
- Prologue -
Il faisait froid depuis quelques jours. Elle était là, traînant dans son appartement. " Six mois qu'il m'a quittée. Et un an demain..." pensa-t-elle en se servant son thé. Elle ne parvenait pas à remonter la pente malgré l'aide permanente de sa famille et de ses amis. Sans lui, elle se sentait vide. Il était entré dans sa vie tel un coup de vent. Elle ne l'attendait pas. Il ne l'attendait pas. Une rencontre rare. Violente. Puissante. Sensuelle. Elle était achevée. Elle retourna près de la fenêtre, observant la circulation. Regardant les papiers voler avec le vent. Des heures entières elle restait là, croyant apercevoir parfois sa silhouette nonchalante.
Lui, il était parti, n'avait pas de regrets. Il était loin et avait une autre histoire. Une autre femme. Une de celles qui ne parlent pas. Sauf quand on leur demande. Lui. Il pensait à elle parfois. Se demandait ce qu'elle devenait. Elle avait brisé le lien. Lui. Regardant par le hublot qui l'emmenait loin d'elle. Il jeta un œil sur sa compagne endormie. Il avait peur. Encore. L'hôtesse s'approcha de lui et lui demanda s'il souhaitait prendre son repas. Il déclina l'offre et demanda une vodka Sunrise. Il but à petites gorgées. Il se rappelait... Lui. Perdu, le regard dans le vague, il la voyait sourire. Il l'aimait encore. Elle lui manquait. Magicienne et sorcière. Douceur et violence. Elle. Si loin déjà... L'avion avançait vers son avenir. La Terre se lamentait de leurs souvenirs. Lui, elle. Elle, lui. L'un et l'autre perdus dans leurs songes. Près de l'un et l'autre à chaque seconde. Leur séparation n'était qu'une hérésie. Un manquement à la vie. Elle, lui. S'aimant et fuyant. Plus simple. Se détestant et se fuyant. Moins compliqué. Lui, elle. L'un à l'Ouest, l'autre à l'Est.
La cité des anges - Premier Poème du recueil
Mon Ange
Et si j'osais te dire je t'aime ? Que ferais-tu ? T'apprivoiser fût long et pénible... Tu rôdes comme un jeune loup, solitaire, tu erres, ermite, et moi je suis là le cœur ouvert et l'âme tendue vers tes peurs sans limite...
Mais je n'oserais pas, j'aurais trop peur de te perdre et je ne puis admettre d'être l'actrice de mon trépas.
Alors tu sais quoi mon Ange ? Non, tu n'es pas encore prêt à entrer dans ma réalité.
Je vais te laisser grandir et murir, te laisser faire les pas qui te séparent du réel... doucement... à ton rythme.
Car sans te brusquer, je vais te laisser venir à moi.
Je vais m'effacer de ton espace pour te donner l'envie d'emplir le mien.
Je vais quitter ta vie pour que te tenaille le désir d'emplir la mienne.
Je vais passer mon chemin, sans te regarder, pour que tes yeux cherchent les miens.
Je ne vais plus t'envoyer mes pensées pour que les tiennes soient en peine de moi.
Je vais faire le deuil de toi pour te donner l'envie de m'insuffler la vie.
Je vais laisser ce vide dans ton cœur pour que tu prennes peur de ne plus entendre le mien battre au rythme de mes " Je t'aime ".